Réforme des retraites : la protestation ne faiblit pas

Publié le par Jeunes Socialistes 03

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Samedi 2 octobre, les syndicats appelaient à une nouvelle journée de manifestations contre la réforme des retraites présentée par le gouvernement.

Cette journée d'action, un samedi, a attiré de nouveaux participants : des personnels du privé, des familles ou encore tout simplement des travailleurs ne pouvant faire grève pour des raisons financières ou professionnelles, mais qui souhaitaient contester eux aussi le projet injuste que porte Eric Woerth.

 

La mobilisation n'a pas faibli par rapport au 23 septembre, avec entre 800 000 et 3 000 000 de manifestants (chiffres Ministère de l'Intérieur/Syndicats).

 

Hier, nous étions de 2300 à 3000 à Moulins et de 17000 à 30000 à Clermont-Ferrand.

 

Le combat doit continuer. Pourquoi? Parce que, si le système des retraites doit nécessairement être adapté aux évolutions de notre société, il n'est pas acceptable de voir diminuer le montant des pensions et de voir reculer l'âge limite de départ à la retraite. Il n'est pas acceptable non plus que ce soit fait sous le prétexte de la crise financière et du manque d'argent de l'Etat. Nicolas Sarkozy et le gouvernement cherchent à faire porter l'effort financier aux plus pauvres (qui sont les plus nombreux) alors que des solutions de financement équitables existent.

 

Malheureusement, lorsque ces solutions sont proposées au grouvernement (taxations bancaires, suppression des exonérations de charges patronales, meilleure répartition des cotisations salariales/patronales...), nos dirigeants se cachent derrière l'argument du pragmatisme économique (délocalisations, exil des plus riches...) et de l'allongement de la durée de vie.

Nous leur proposons (opposons?) la solidarité, celle sur laquelle une partie de l'image de notre pays s'est bâtie. Si aujourd'hui, en France, on est capable de s'exiler fiscalement parce que l'on refuse de participer à l'effort de solidarité alors que l'on fait partie des catégories les plus riches de la population (quand 13% des Français vivent avec moins de 949€ par mois - source INSEE), où est la part d'humain qu'il nous reste?

 

Un exemple? Prenons celui du Ministère des Finances sur le bouclier fiscal (vous pouvez le retrouver ici). Un couple qui a un revenu imposable de 111450 € annuels (ce qui fait 9280€ mensuels, 10 fois le seuil de pauvreté) paye 62260€ d'impôts (moins 6000€ qui lui sont rendus au titre du bouclier fiscal). Il lui reste pour vivre mensuellement 4099€ après impôts. Qui ne serait pas prêt, en échange d'un tel revenu, à accepter de participer à la solidarité nationale?

 

Pour finir, parlons de l'argument de l'allongement de la durée de vie, celui que renvoie éternellement Eric Woerth dans ses déclarations. Si la durée de vie s'est effectivement allongée, Eric Woerth oublie systématiquement de préciser que l'espérance de vie en bonne santé n'a que très peu augmenté. Il oublie aussi de rappeler que les cadres vivent en moyenne 6 ans de plus que les ouvriers, et que la proportion de haut diplômés a sensiblement augmenté depuis trente ans, donnant mécaniquement une espérence de vie moyenne plus élevée, sans pour autant que celle des travailleurs pénibles ait, elle, évolué!

 

M. Woerth, cessez de vous cacher derrière la désinformation gouvernementale, en répétant à chaque fois que cette réforme est nécessaire. Ayez le courage de dire que vous menez la réforme des plus riches, ceux qui pourront se payer des retraites financées par des fonds privés, et que vous ne poursuivez qu'un but : faire des économies sur notre modèle social, sur notre modèle de retraite par répartition. Cessez de dire que l'Etat n'a plus d'argent, que nous courrons à la faillite. Déjà, il y a cent ans, ceux de votre bord disaient aux socialistes que jamais une assurance vieillesse ne pourrait être votée. Voici ce que Jaurès leur répondait alors :

 

"Ah oui, c’est un beau spectacle de voir la joie impudente et déchaînée de toute la réaction sociale. Le Temps, les Débats, l’Eclair, la République française, l’Echo de Paris, le Figaro, le Gaulois, le Soleil, la Libre Parole, l’Autorité, la Patrie, tous les organes du capitalisme, du privilège et de l’aristocratie, tout ceux qui, sous prétexte de liberté économique, veulent que les faibles soient livrés à la puissance écrasante des forts, tous ceux, qui, sont les adversaires de toute législation protectrice et émancipatrice du travail, tous ceux qui redoutent les premières applications de ce principe de l’assurance sociale qui, étendu nécessairement à la maladie, à l’invalidité, au chômage, accroîtra la sécurité, la liberté, la force de revendication des prolétaires, tous les réacteurs fielleux et mielleux font éclater leur espérance. Ils exultent, ils ricanent. Ils ne parlent que de faillite, d’avortement, de four noir, ils prétendent que la loi est à terre ; ils la piétinent. Et ils se flattent de la pensée qu’ils ont tué en elle, comme un germe écrasé, toute la suite de l’assurance sociale, toute la politique d’intervention au profit du travail.

« Nous l’avions bien dit, murmurent aigrement et allègrement le Temps et les Débats, il est impossible de légifère en ces matières. »

«  Quelle duperie pour les ouvriers, reprennent les journaux de droite : cotisation ouvrière, cotisation patronale ou impôt, c’est toujours le peuple qui paiera. Qu’on laisse, donc faire, sans contrainte légale, la bonne volonté des patrons. »

(...) C’est délicieux, délicieux, et voilà où l’on nous mène. De la magnifique idée d’assurance sociale, qui crée pour tous les salariés un droit certain, intangible, sans humiliation, sans condition, nous retombons à une loi d’aumône et d’arbitraire, où le bon plaisir des autorités distribuera quelques miettes à des pauvres choisis.

Mais tout cela n’aboutira pas. Les affolés en seront pour la honte de leur panique. Les réacteurs en seront pour la honte de leurs espérances. La loi sera maintenue et améliorée et ceux qui affectent de croire qu’ils en ont fini avec elle, commettent une double erreur : erreur matérielle, erreur morale."

Jean Jaurès, l’Humanité le 6 mai 1911

 

M. Woerth, la France est plus riche qu'en 1911. M. Woerth, notre système de retraites a pu se construire en 1946, dans une France détruite par la guerre. Alors comment pouvez-vous encore dire, en 2010, qu'il n'y a plus d'argent pour assurer les pensions des plus pauvres?

 

M. Woerth, l'idée de la solidarité du monde des plus riches envers celui des plus pauvres doit vous paraître bien saugrenue, car, finalement, des ces deux mondes, vous n'avez jamais connu que le premier.

Publié dans Politique nationale

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N
<br /> <br /> à partir de 60 ans j'entends<br /> <br /> <br /> <br />
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N
<br /> <br /> Le PS demandera-t-il comme le front social une retraite A TAUX PLEIN après 37,5 ANS DE COTISATIONS?...<br /> <br /> <br /> -Si vous dites oui, c'est plutôt rassurant mais il faudrait secouer vos grandes figures!<br /> <br /> <br /> -Si vous dites non, au moins cela serait clair!<br /> <br /> <br /> <br />
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